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Un four mémorable et retour aux pièces « roses »

En 1946, le 20 novembre, ANOUILH quitte la mythologie et renoue avec l’époque (en s’inspirant toutefois de SHAKESPEARE). C’est Roméo et Jeannette. Les Capulet et les Montaigu sont représentés, les uns par une famille ridicule et méprisable, les autres par une respectable famille bourgeoise. Dans une grande maison en désordre, arrivent trois visiteurs endimanchés et vite désemparés. Ils étaient invités à dîner, personne pour les recevoir. Julia amenait son fiancé Frédéric et sa future belle-mère pour les présenter à sa famille. Le père est un vieux raté, égoïste et inconscient, Lucien, le frère de Julia, a renoncé à travailler et flâne dans la maison, aigri et mal rasé. Sa sœur Jeannette, qui court toute la journée dans les bois, est dépeignée, farouche, et passe son temps à braconner et à se battre avec les petits pêcheurs du village, à l’occasion ses amants. Julia apprend que Jeannette a une liaison plus sérieuse avec un châtelain du voisinage, qui fait vivre la famille. Devant tant d’abjection, Julia veut fuir, mais il est trop tard car Jeannette surgit comme une furie. Frédéric et Jeannette se voient et vont s’aimer. Ils paieront de leur mort cet amour impossible. L’accueil de la critique fut très contrasté et la pièce, qu’ANOUILH qualifiât de four mémorable, connut néanmoins 123 représentations. La distribution a dû, plus tard, faire rêver plus d’un directeur : Jean VILAR, Michel BOUQUET, Suzanne FLON, Maria CASARES !

Retour aux pièces roses avec L’Invitation au Château, créée le 5 novembre 1947, toujours à l’Atelier, avec Michel BOUQUET et Dany ROBIN. On est en 1900 dans un jardin d’hiver. Une jeune héritière richissime, Diana, dépitée de ne pas se croire aimée par un jeune homme cynique et vaniteux, feint de s’éprendre de son jumeau, sensible, timide et délicat. L’amoureux délaissé, blessé dans son amour propre, fait appel à Isabelle, une petite danseuse pauvre, pour séduire son gentil frère. Isabelle se prend au jeu et croit aimer Horace, alors qu’elle aime Frédéric, trompée par la ressemblance des jumeaux. Il y a également un puissant financier Messerschmann, père de Diana, une lady, maîtresse de Messerschmann, une tante méchante et cocasse, et un couple d’hurluberlus. Tout ce joli monde participera à un bal au cours duquel tous les quiproquos seront permis, grâce à la ressemblance des jumeaux. « On s’y retrouve tout de même, et c’est beaucoup moins compliqué que cela n’en a l’air » a tenu à préciser l’auteur dans le programme. La pièce a connu un franc succès, jouée une année jusqu’au 28 novembre 1948. Une reprise a eu lieu dans le même théâtre en octobre 1953 avec, dans le rôle d’Isabelle, une jeune starlette de 19 ans, Brigitte BARDOT, dont ce sera la seule apparition à la scène, et dont l’interprétation fut d’ailleurs unanimement bien accueillie.

Pour ses deux pièces suivantes, ANOUILH fera une infidélité au théâtre de l’Atelier, qu’il ne retrouvera qu’avec Colombe en 51, Médée en 53 et, beaucoup plus tard, en 78 avec La Culotte et en 82 avec Le Nombril.

Le 30 juillet 1953, ANOUILH divorce d’avec Monelle VALENTIN  (toujours d’après ses biographes) et épouse Nicole LANÇON, dite Charlotte CHARDON (qui créera le rôle de Lucille DESMOULINS dans Pauvre Bitos en 1956). Trois enfants naîtront de cette union : Caroline en 1949, Nicolas en 1952, et Marie-Colombe en 1955.

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