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Une enfance choyée

Le 21 juin 1905 nait à Paris le jeune Jean-Paul, Charles, Aymard, Léon Eugène, Sartre, fils unique d’une famille bourgeoise. L’enfant n’aura pas le temps de connaître son père. Officier de marine, il mourra de la fièvre jaune quinze mois après la naissance du bébé. La mère, jeune veuve, retourne vivre avec son fils chez ses parents. Jean-Paul sera élevé essentiellement par son grand père Charles Schweitzer, alsacien, professeur d’allemand et cousin du célèbre docteur. Pendant dix année, ignorant la violence et la jalousie, répondant au tendre diminutif de Poulou, le petit garçon , aux boucles blondes, adoré par les siens, est adorable.

Il ne fréquente pas l’école et reçoit l’enseignement de précepteurs successifs. Dans la grande bibliothèque de la maison familiale, il découvre très tôt les auteurs, et préfère la lecture à la fréquentation des enfants de son âge. Un de ses écrivains préférés se nomme Courteline. À douze ans, sous l’instigation de son grand-père , il écrit à l’auteur dramatique pour lui exprimer son admiration. Cette période bénie se termine en 1917. Anne-Marie Sartre se remarie avec Joseph Mancy, directeur des chantiers maritimes de La Rochelle. C’est dans cette ville que le jeune garçon découvre la réalité brutale d’une vie de lycéens qui chaque jour l’éloigne de ses camarades. Ils le trouvent laid parce que maladroit, binoclard et peu sociable.

 

Une adolescence joyeuse et féconde

À 16 ans, de retour à Paris, Jean-Paul entre en classe de philosophie au lycée Henri IV. Facétieux et blagueur, il décroche le titre de SO de la classe, c’est à dire satyre officiel l’organisateur des distractions et des canulars Ce qui n’empêche pas le jeune garçon de préparer avec son meilleur camarade Paul Nizan 1 l’entrée à l’École Normale Supérieure au lycée Louis le Grand. Les deux amis sont admis au concours sans difficulté.

Rue d’Ulm, l’étudiant Sartre demeure l’un des instigateurs de tous les chahuts, allant jusqu’ à jouer un sketch antimilitariste dans la revue de l’école en 1927. Plus le temps passe plus Sartre sent naître en lui le goût de la provocation et de la lutte contre l’autorité. Paradoxalement, il est un grand travailleur. Il dévore à la fois des centaines d’ouvrages et écrit nombre de chansons, de poèmes, de nouvelles , de projets de romans tout en conservant assez de temps pour se faire des amis et s’adonner au chant et au piano. Il a une belle voix et un vaste répertoire de Beethoven à Louis Amstrong et fréquente très assidument le Collège-Inn de la rue Vavin. La politique ne semble pas l’intéresser. Il se sent foncièrement anarchisant et refuse de s’engager pour quelle que cause que ce soit.

Après avoir échoué une première fois au concours d’agrégation en 1928, il s’entête avec force pour l’obtenir l’année suivante. Il rencontre alors, dans son groupe de travail, une jeune étudiante Simone de Beauvoir qui deviendra sa compagne pour la vie en dépit des diverses aventures amoureuses et passagères qu’ils connaîtront tous deux. Au concours 1929, Jean-Paul Sartre sera reçu premier et Simone de Beauvoir deuxième.

Les années préparatoires

Ayant obtenu un sursit pour finir ses études, Jean-Paul Sartre doit effectuer son service militaire à l’âge de vingt-six ans. Afin de se distraire dans les longues soirées de chambrée, il écrit deux pièces de théâtre : Épiméthée et J’aurai un bel enterrement, dont les manuscrits ont été perdus.. Son devoir de patriote accompli, Jean-Paul Sartre est nommé professeur de philosophie au lycée de Rouen puis à celui du Havre où il restera jusqu’en 1938, mis à part deux séjours en Allemagne à l’Institut français de Berlin. Il se montre un excellent professeur, proche de ses élèves. Cherchant à les comprendre il devient leur complice. Il prend grand plaisir à ce contact avec l’adolescence et en gardera le goût toute sa vie. Certes l’enseignement est une mission importante mais Sartre sent naître en lui une autre vocation : l’écriture. Après quelques essais à intention philosophique, il écrit un roman  Mélancolie qui sera refusé plusieurs fois et sera enfin publié en 1938 sous le titre de La Nausée, puis un recueil de cinq nouvelles : Le Mur édité en 1939. C’est alors qu’il écrit à Simone de Beauvoir : « Je crève d’envie d’écrire une pièce de théâtre… ». 2

1 Paul Nizan, né le 7 février 1905 à Tours et mort le 23 mai 1940 à Audruicq (Pas-de-Calais), est un romancier, essayiste, journaliste, traducteur et philosophe français.
2 Lettres au Castor et à quelques autres Gallimard 1985. T 1 p. 440

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