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Quelques pièces

 

LA MACHINE INFERNALE

Pièce en quatre actes, représentée à la Comédie des Champs-Élysées le 10 avril 1934, mise en scène de Louis Jouvet, décors et costumes de Christian Bérard, avec Jean-Pierre Aumont, Robert Le Vigan, Pierre Renoir, André Moreau, Julien Barrot, Yves Forget, Robert Moor, Romain Bousquet, Marcel Khill, Louis Jouvet, Michel Monda Marthe Régnier, Lucienne Bogaert, Jeanne Lory, Andrée Sertilanges,Véra Pharès et la voix de Jean Cocteau.

 

Analyse

Œdipe, menacé par l’oracle de tuer son père Laïos et d’épouser Jocaste sa propre mère fait tout son possible pour éviter ces crimes et fut parricide avant d’être inceste sans le savoir. Dès le prologue Œdipe a déjà tué son père. Il rencontre alors le Sphinx dont il triomphe mais le destin est implacable et il ne l’évitera pas .

Critiques

"Il y a une suite de ruptures, une atmosphère étrange, bavardages traversés d’éclairs, gaîté familière et obscures angoisses où Cocteau n’a jamais mieux donné sa mesure."
Pierre Buisson Le Temps 16 avril

"Jean Cocteau en réalisant la transposition du mythe ancien lui retire la plus grande partie de sa profonde signification humaine. Comme toujours auteur superbement intelligent, M. Jean Cocteau ne tarde pas à devenir le prisonnier et la victime de la surabondance de l’excès de son intelligence.(…) M. Cocteau sous prétexte de rajeunissement nous fait apparaître Sophocle méconnaissable, vaguement teinté de Shakespeare, aperçu surtout à travers Baudelaire, à la lueur sourde du Freudisme."
X… Le Ménestrel 20 avril 1934

"Les hardiesses de Jean Cocteau datent d ‘avant la vie terrestre. Il n’invente pas mais il se souvient.(…). Je n’en suis pas à m’étonner, je m’étonne seulement que Cocteau ait, en tant qu’homme de théâtre, des détracteurs aigres et actifs , de qui le principal grief est à peu près :‘’ Qu’est ce qu’il va encore inventer pour nous épater ?"
Colette Le Journal avril 1934

"À la lecture, délivrée de la magie des éclairages, des costumes et des décors de M. Christian Bérard, la pièce ne perd rien de sa puissance ni de sa poésie."
Georges Poupet Le Jour 28 août 1934 1

"Disons que la pièce n’a pas été jouée longtemps, il y a dans ce que fait M. Cocteau une trop large part d’excentricité. Cela rebute la foule. Quant à ceux qui n’aiment dans les arts que l’irrationnel, l’insolite et l’anormal, ils sont aujourd’hui plus rares et moins outrecuidants qu’ils ne le furent de 1920 0 1930. Reste que la pièce de M. Jean Cocteau mérite examen : elle n’est pas exclusivement bizarre : telles inventions poétiques, telles vues pénétrantes y témoignent des dons exquis ; l’écrivain nous donnerait peut-être une belle oeuvre s’il renonçait à déconcerter et à mystifier."
René Salomé Chroniques Dramatiques 5 août 1934 2

 

LES CHEVALIERS DE LA TABLE RONDE

Pièce en trois actes, représentée au Théâtre de l’Œuvre, le 14 octobre 1937, décors et mise en scène de Jean Cocteau, costumes de Coco Chanel, musique de Purcell avec Samson Fainsilber, Michel Vitold , Lucien Pascal, Jean Marais, Georges Rollin, Yves Forget, Annie Morène, Blanchette Brunoy.


Analyse

Le château du roi Artus est maudit. Certains chevaliers en rendent responsable la présence du Graal, relique du sang du Christ , les uns s’en contentent les autres se révoltent . Le responsable de ce malheur est Merlin l’enchanteur, esprit négatif qui utilise son jeune domestique, le démon Ginifer et le transforme à son gré en tel ou tel personnage. Arrive Galaad ( Parcifal) le très pur. Sa force l’emporte sur le pouvoir de Merlin et le château est débarrassé de son maléfice . Après qu’Artus ait chassé Merlin, sa mission accomplie, Galaad s’en va,. Le soleil renait, les oiseaux rechantent autour du château. Artus aura-t-il la force d’assumer une vraie vie  heureuse ?

Critiques

"Traduire en français la langue de M. Cocteau serait une trahison ; je ne vous raconterai donc pas la pièce et son sujet car la trahison commencerait avec les mots. Je souhaite d’ailleurs que vous l’alliez voir et que , même si elle vous paraissait plus étrange que vous ne l’attendiez, vous avez du moins la certitude que telle scène des Chevaluers marque l’épanouissement de 4.000 ans de pensée, de poésie et d’art."
Pierre Audiat Paris-Soir 16 octobre 1937

"Je pense que M. Jean Cocteau a mal choisi sa légende et que Merlin, au cours de cette nuit inspiratrice dont il nous parle, lui a joué un mauvais tour."
Pierre Brisson Le Figaro 14 octobre 1937

"Chez Cocteau, une illusion porte l’autre et celle qui dispense le verbe n’est pas la moindre vigoureuse ni la moins féconde. Sibyllin de nature, on classe souvent Jean Cocteau parmi les épreuves difficiles. Au vrai, il n’est que rapide. Sa pensée reste remarquablement claire ; à nous de montrer, pour la suivre, de l’agilité et l’on voit bien qu’il ne réussit à paraître hermétique qu’en se donnant beaucoup de peine."
Colette Le Journal 24 octobre 1937

"J’ai éprouvé quelques déceptions au début. Je n’ai pas reconnu mes personnages. M. Jean Cocteau raconte – et sans doute se croit-il lui-même – que les trois actes des Chevaliers lui sont venus en rêve voilà trois ans. .Il n’a pas lu, j’en suis sûr les énormes in-quarto du Lancelot du Lac . Quant aux quatre volumes où Jean Boulenger a distillé l’énorme masse romanesque, comment peut-il les ignorer ?(...) Je lui en veux beaucoup d’avoir défiguré Merlin."
Robert Kemp Le Temps 25 octobre 1937

"Cette lutte de Merlin qui termine la pièce est un moment d’une grande beauté obtenue par des moyens les plus simples. À une fenêtre le roi et ses compagnons observent le départ du magicien. Derrière le cheval qui l’emporte au galop tout au contraire de celui d’Attila, les arbres reverdissent, les vallées se mettent à verdoyer. Une émotion nous étreint de la plus haute qualité. Trop souvent des gamineries, des pitreries qui sont chez Jean Cocteau un système, sinon une pudeur qui nou empêchent de voir le vrai, le grand poète qui est en lui."
J.L Le Marois Écho 15 octobre 1937

 

L'AIGLE À DEUX TÊTES

Pièce en trois actes représentée au Théâtre des Arts – Jacques Hébertot , le 20 décembre 1946, mise en scène de Jean Cocteau, décors d’ André Beaurepaire, avec Edwige Feuillère, Silvia Montfort, Jean Marais, Georges Marny, Jacques Varennes, Georges Aminel.

Analyse

Depuis la mort du roi Frédéric, la Reine vit enfermée dans son château de Krantz. Par une nuit d’orage, à sa fenêtre apparaît un jeune homme blessé Stanislas . Edith ,lectrice de la reine, le reconnaît Il s’agit d’un anarchiste venu tuer la souveraine. Néanmoins, la Reine le fait entrer et le sauvant de la mort., sauve la sienne . Ils se parlent, ils s’expliquent, ils se devinent, ils s’aiment. . Ils trahissent chacun leur cause pour n’en faire qu’une. Mais la police , aux trousses du jeune homme, est sur le point de l’arrêter. Stanislas, pour ne pas nuire à son impossible amour, s’empoisonne. La reine ne peut lui survivre et se donne la mort à son tour.

 

Critiques

"Quel cocktail Cocteau nous sert ! Dans un flot de romantisme hugolien, où une reine parle aux hommes comme Marie Tudor et Lucrèce Borgia, si hautaine, si verbeuse qu’on a envie de rire dan ce Hugo qui dégénère vite en Sardou avec ce policier menaçant et ce coup de poignard final dans le dos de la reine. M. Cocteau a versé deux larmes de Laforgue et d’Elémire Bourges, il a irisé le tout d’un rien de Nerval. C’est 1830 et 1880, mélodramatique et esthète. (...) Peste ce n’est pas ennuyeux ; quand l’enchantement cesse on s’amuse encore de ces fanfreluches, de cette poésie insincères et de ces naïvetés présomptueuses."
Robert Kemp Le Monde, 28 décembre 1946

"Comment ne pas marquer d’une étoile - l’étoile de Jean Cocteau - une des rares soirées où le Théâtre retrouve son éclat, sa ruse profonde, son arsenal d’illusions ?"
Paul Lorenz L’Etoile du Soir, 31 janvier 1947

"L’art de Jean Cocteau est de nous entretenir dans une aventure absurde, irréelle, bourrée d’artifice, sans jamais se laisser toucher par une vulgarité d’école . L’auteur passe son temps à sauver l’impossible. A l’analyse son œuvre n’y résiste pas. Sur la scène, elle tourne avec prestige et frappe les âmes sensibles. Le romantisme y meurt dans un bal masqué."
Klebel Haedens L’Epoque 3 janvier 1947

"Dans l’ensemble, j’aime l’Aigle à deux Têtes et je crois que le Théâtre Hébertot tient un succès de longue haleine. L’Aigle à deux Têtes est autre chose qu’un mélodrame, un drame loyrique, un ballet, un opéra. Cette pièce appartient à un genre qui , en somme n’a pas existé ;la tragédie romantique, la tragédie avec tout ce qu’y auraient mis d’excès en tout les auteurs d’une époque où... : « un peu trop n’était pas assez »"
Jean-Jacques Gautier Le Figaro 24 décembre 1946

"Des intrigues de cour. des opérations policières ...Un savant embrouillamini ...Décors outrés ou faussement outrés... passions fausses ou pseudo fausses passions... où tout est faux ou paraît l’être. La subtilité de Jean Cocteau doit être satisfaite car sans doute a-t-il voulu fabriquer un faux drame romantique. Peut-être même un vrai qui ait l’air d’un faux. Quoiqu’il en soit, mystification ou non, la machinerie mise en branle étouffe tout ce qu’il pourrait y avoir de sincère dans l’affaire et n’y laisser subsister que de brillants artifices."
Guy Leclerc l’Humanité 4 janvier 1947

1 La pièce fut éditée en juillet après la fin des représentations aux éditions Bernard Grasset
2 Idem

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