Robert THOMAS est né à Gap le 28 septembre 1930. Il y passera son enfance et son adolescence
au milieu d'une famille de bourgeois pantouflards. Ce vilain petit canard, égaré au milieu
d'assureurs casaniers se sent très vite pris de passion pour le théâtre et, pour apaiser sa fringale,
dévore les pièces parues dans La Petite Illustration . Il en apprend des scènes et monte, avec
quelques amateurs, une représentation de Gringoire de Théodore de BANVILLE, où il joue
Louis XI. Il est la vedette chantante de la famille. « Ce petit, il faudrait lui faire faire le FERNANDEL » disait sa mère en le voyant monter sur la table après les repas de famille, et chanter à en
perdre le souffle .
Mais ces exhibitions ne peuvent que le convaincre que son destin l'appelle à Paris, car c'est dans
la capitale que se joue la vie théâtrale. N'y tenant plus, juste avant de passer la deuxième partie du bachot,
il fait comme ses futurs confrères qui l'ont précédé, il monte à Paris en laissant un petit mot sur la table
de la cuisine: « Si vous me faites rechercher, je me jette sous le train » .
Comme ses aînés, il va
connaître l'époque de la vache enragée, mais rien, jamais, ne détruira cet incurable optimisme qui
l'habitera toujours. C'est un homme né joyeux et heureux de vivre. «Ce dont je suis sûre, c'est qu'il
est un des rares hommes profondément heureux de vivre. Cet amour de la vie, cette foi inébranlable
dans son étoile est peut-être le secret de son charme et de sa réussite. Son désir d'arriver est
tellement sympathique, tellement ardent, que les plus farouches s'attendrissent » .
Pour subsister, il est employé aux PTT en qualité de télégraphiste, ce qui ne l'empêche pas de suivre
les cours de comédie de Georges DOLLIN, d'Yves FURET et d'André BRUNOT, ni de jouer un
petit rôle au Théâtre Edouard VII dans Le Gâteau du roi de Marcelle CAPRON.
« J'ai connu à cette époque trois années où se mêlaient la vantardise et la misère cachée, au régime
de la chambre de bonne et du café-crème pour tout repas. J'étais parfois invité à des dîners pour
faire le clown au dessert parce qu'on me trouvait drôle, et je mangeais alors pour quatre jours » .
Mais le service militaire le guette. À la fin de celui-ci, il effectue des démarches dans les théâtres et
se rend notamment au Théâtre de Paris où il rencontre l'Administrateur-Sécrétaire Général
Jean-Jacques BRICAIRE. « Un jour, j'ai vu débouler dans mon bureau un troufion venu
solliciter un engagement. Il était doté d'un culot phénoménal qu'il savait utiliser avec finesse en
jouant la carte de la sympathie et du comique. Un bidasse, c'est toujours attendrissant –
c'est d'ailleurs pour cette raison, le petit malin, qu'il s'était présenté en uniforme – et comme
nous cherchions une doublure à Christian DUVALEIX dans la comédie musicale « Il faut marier maman », je présente mon client à Pierre DUX qui l'engage. Il fera également partie d'un des spectacles suivants
dans lequel il jouera un petit rôle La Main de César … C'était Robert THOMAS » .
Interview de Robert THOMAS par Nicole JOLIVET – Avant-Scène n° 423 du 1° avril 1969.
Claude GENIA – Avant-Scène n° 268 -1° juillet 1962
Interview de Nicole JOLIVET
Jean-Jacques BRICAIRE – L'Autre côté du décor Éditions des Quatre Vents.